🔮 Jad Fair

Jad Fair

La Chatte à la Voisine ouvre en grand les portes du Citron Bleu afin d’accueillir un personnage mythique de la scène underground américaine, qui officie depuis plus de 25 ans et a influencé -en solo (le plus souvent sous le nom de Half Japanese) ou au travers de multiples et hétéroclites collaborations (avec entre autres Daniel Johnston, Kramer, Yo La Tengo, ou encore Teenage Fanclub)- beaucoup de ceux que l’on considère aujourd’hui comme « incontournables ».

Jad Fair est un vétéran du rock’n’roll au sens large du terme : indie-rock aigre-doux, punk-rock acidulé, hardcore sirupeux, ballades à chialer… Le tout joué à coup de guitares à deux cordes, de flûtes et de pianos en plastoc, sur lesquels se promène sa voix inimitablement fausse et envoûtante. Initiateur ou parrain des phénomènes garage, hardcore, grunge, lo-fi, il se situe en effet à un croisement des pulsions qui ont fait et font encore bouger la conscience rock. Seulement Jad Fair est éloigné de l’épicentre des secousses ; ayant voyagé le long de nombreuses voies secondaires, chemins de traverse, il est plutôt arrivé à une sorte de “Cross-road” mystérieux, hilarant, touchant et bien barré !

Même si la reconnaissance « officielle » se fait attendre et attendra probablement encore, Jad Fair appartient à cette famille d’artistes torturés sublimant leurs angoisses et qui n’ont de cesse d’innover tout en évitant de se prendre au sérieux ; on pense notamment à Daniel Johnston avec qui il a collaboré à plusieurs reprises. En écoutant le résultat certains ne pourront s’empêcher de penser au petit prince de l’Antifolk : Jeffrey Lewis… fair enough… mais cette lo-fi là date d’une époque où Nirvana n’avait pas encore vu le jour… à méditer. En parlant de nirvana, on pourra aussi ajouter que Kurt Cobain avait lui-même un gros faible pour celui qui peut légitimement être considéré comme un pivot du punk US des 70s, un pape de l’underground ou tout simplement comme une « figure essentielle du rock » dixit Lester Bangs (critique américain qui éleva la subjectivité droguée et le terrorisme intellectuel éthylique au rang d’arts majeurs).

A travers une musique primitive, Jad Fair a enchaîné les odes à l’amour, à l’amitié, à la rédemption offerte par la musique, à l’aliénation mentale provoquée par la médiocrité de la « vie moderne ». Il y a dans sa musique une sorte de pureté, d’innocence enfantine, de gratuité totale, de marginalité… Bref Jad Fair se ballade d’une déviation à une autre, dans sa bulle ; et il est fortement recommandé de s’y laisser happer : cette bulle est un o.m.n.i. (objet musical non identifié) flottant vers des aventures absolument hallucinantes où, au grès des détours, vous rencontrez des monstres gentils (sûrement le Teenage Fanclub en route pour halloween), où vous vous laisserez mordre par Dracula, tabasser par Frankenstein, dévorer par un Zombie et on en passe… tout ça pour être près de votre belle, laquelle se fera probablement la belle au bras d’un vampire parce qu’être son Aquaman ou son Batman ça sera pas assez… à moins que vous ne réussissiez à être son Superman auquel cas love will conquer all… tout un programme.

Jad Fair a dit : Ce n’est qu’en entendant une de mes chansons dans un magasin de disques que j’ai compris… la différence. Et il a raison, son oeuvre -chansons, musiques, dessins, collages (ses dessins accompagnent souvent ses nombreux disques)- est un tout, à l’écart de tout… à visiter comme un petit coin de paradis perdu découvert alors que l’on s’était perdu dans les déviations.

En concert le 26 mai 2006 au Citron Bleu, 18 rue des Paradoux, 21h: 10 euro.

Place en vente au Laboratoire, 9 rue de la Bourse, 31000 Toulouse


Citron Bleu
18 rue des Paradoux
31000 Toulouse