🎸 M. Ward

M. Ward 2012

Singer-songwriter surdoué et guitariste virtuose originaire de Portland, Oregon, M. Ward est l’auteur de 8 albums solos tous plus divins les uns que les autres. Producteur reconnu ayant un goût certain pour une production vintage certes mais ne tombant jamais dans les clichés, il a lui-même produit tous ses disques et a été aux commandes de nombreux projets dont un album hommage à John Fahey, un de ses héros.

Sur ses disques, les guest-stars se bousculent : Howe Gelb (Giant Sand), Vic Chesnutt, Jenny Lewis, Chan Marshall (Cat Power), Neko Case, Jim Fairchild et Jason Lytle de Grandaddy, Lucinda Williams… et aujourd’hui, M. Ward est devenu un personnage incontournable de la musique américaine contemporaine multipliant les collaborations et les projets parallèles. Au sein de She & Him, il épaule la divine Zooey Deschanel pour faire revivre l’âge d’or de la pop music pleine de sucre et de soleil. Il a œuvré sur le cultissime Arizona Amp and Alternator (consortium d’artistes manipulés par un de ses mentors avouée, le génial Howe Gelb). Il est membre de Monsters of Folk, association de bienfaiteurs montée avec ses comparses Conor - Bright Eyes - Oberst , Jim - My Morning Jacket - James et Mike Mogis.

M. Ward est donc mieux que bien entouré… Mais M. Ward, c’est surtout cette voix sortie tout droit d’outre tombe, c’est ce jeu de guitare à faire pleurer et frissonner jusqu’à faire pointer les tétons des moins sensibles, c’est cette capacité à se prêter, tel un Johnny Cash moderne, à la vielle tradition américaine des cover songs, ayant su reprendre en se les réappropriant Green River de Creedence Clearwater Revival, Lets Dance de Bowie, ou To Go Home de Daniel Johnston…

La première fois que j’ai écouté M. Ward, c’était le printemps 2005, j’étais dans ma voiture et je venais de mettre la main sur Transistor Radio. Je m’attendais à un chouette disque, je tombais sur un opus qui allait devenir un de mes plus fidèles compagnons de route. Sur cette radio fantasmée, Matt Ward, alors tout jeune trentenaire basé à Portland Oregon, commençait par reprendre You Still Believe In Me des Beach Boys dans une version dépouillée jusque de ses paroles pour en faire une mélodie émanant d’un autre temps.
La suite n’était qu’une succession de pure beauté. J’avais en effet capté sur ma bande FM les spectres de vieux bluesmen tels qu’ils apparaissent sur les field recordings d’Alan Lomax ou de George Mitchell (One Life away, Fuel For Fire, Paul’s Song), puis, dans le désordre, M. Ward avait convié sur sa radio utopique le Wilco de Yankee Hotel Foxtrot (Hi-Fi, Four Hours In Washington), les meilleures guitares surf (Regeneration N°1), un boogie entêtant (Big Boat), un hymne pop (Radio campaign). Puis vint une des plus belles et des plus tristes trilogies jamais entendues. Dans la très mélancolique Here comes the sun again, M. Ward ré-imagine la mélodie de George Harrison – un autre de ses héros – et la sublime; la chanson ne touche pas à sa fin qu’il plonge encore plus profond dans la beauté sombre avec Deep Dark Well et, quand on pense avoir touché le fond, cette mélodie dont on ne sait pas si elle est éplorée ou enjouée réapparait et se transforme une dernière fois pour faire surgir la divine complainte supplicative Oh Take Me back.
La messe semble dite avec le très americana I’ll Be Yr Bird mais c’est sans compter sur l’impitoyable DJ qui vous siffle une angélique berceuse (Lullaby + Exile) ou il insiste : « love will get you in the end ». La fin était proche et, en effet, je tombais amoureux… reprenant lentement conscience au son de l’interprétation phénoménale que M. Ward faisait du Well-Tempered Clavier de J.S. Bach sur sa Gibson datant du début du XXème siècle.
J’allais maintenant probablement démarrer ma voiture (j’ai écrit que j’étais dans ma voiture les kids, pas que je roulais !) et réécouter cette merveille avec une obsession en tête : voir jouer M. Ward sur scène. Avant cela, je jetais un regard plus précis à la pochette de ce que je pensais être un trésor que j’avais découvert ; sur un petit autocollant on pouvait lire : « the M. Ward presents : TRANSISTOR RADIO memories of a utopian Radio power… ». C’était bien ça. Dès lors, je convoiterai ses premiers albums, attendrai avec impatience les prochains (son dernier en date, A Wasteland Companion est sorti le 9 avril), avec l’infime peur d’être déçu, l’intime conviction que cet artiste d’exception saurait toujours me faire vibrer de ses ondes, et la certitude que ce n’était que le début d’une adoration sans limite.

La première fois que j’ai vu jouer M. Ward, c’était sur une petite péniche, c’était un concert d’une classe folle, et c’était bien avant qu’il ne devienne le « Him » de She & Him, qu’il ne tourne avec Feist ou Norah Jones, ou qu’il ne forme le « super groupe » Monsters of Folk.

La dernière fois que j’ai vu jouer M. Ward, c’était en concert solo. Sur la scène : lui, sa vielle Gibson et un piano a queue… J’ai songé que j’étais en face du John Fahey du nouveau millénaire pour sa façon de fusionner avec sa guitare et de sublimer une musique centenaire.

La prochaine fois que je verrai M. Ward en concert, ce sera le 17 juin à la Dynamo, je verserai sans doute une larme. Et vous ?

Caisse du soir: 14 euros
Préventes: 12 euros (+ frais de location éventuels)

Locations: au Laboratoire, 9 rue de la Bourse, 31000 Toulouse et à Vicious Circle, 7 place des Puis Clos, 31000 Toulouse, dans les réseaux FNAC-Billetel, Virgin-Ticketnet et digitick.com


La Dynamo
6 Rue Amélie
31000 Toulouse